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Musique, fichtrediantre!

Tribune
Marguerite :
marie-pierre : J'ai été très intéressée par vos différentes remarque, vos extraits de livres et le commentaire que vous en faites. Tenez-moi au courant, merci.
Bien à vous,

Marie-Pierre Gauthier
Sendy : hi??
Sledymmenly : Today is good poorly, isn't it?
Damien : Merci

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Novembre 2009 : 1 article
Janvier 2009 : 2 articles
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Juin 2008 : 1 article
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Avril 2008 : 1 article
Mars 2008 : 1 article
Août 2007 : 1 article
Juillet 2007 : 2 articles
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Mai 2007 : 1 article
Avril 2007 : 1 article

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Comme tous les matins à 6 : 43 depuis maintenant près de vingt-cinq ans, il fut réveillé par le signal silencieux de la puce qu’il avait implantée dans l’avant bras. Il ne s’en rendait plus compte, c’était finalement plus efficace et moins désagréable que les anciennes sonneries. Cette heure de réveil avait été calculée, comme celle de tous les citoyens, par les services de surveillance médicale, en fonction de son biorythme afin de garantir à chacun la gestion optimale de chaque journée de travail.

De l’autre côté de la cloison, il entendait déjà son voisin qui se préparait à sortir. Comme tous les matins, sa porte claquait à 6 : 52. Plus jeune, on lui avait attribué un temps de sommeil plus court.

Comme tous les matins, il passa son avant-bras devant le lecteur qui lui indiqua l’exacte dose de vitamines à prendre, ainsi que son traitement quotidien. Le prix que lui coûtait ce traitement était débité instantanément de son compte par le même biais. Cela lui coûtait extrêmement cher, mais il n’avait pas le choix. La Sécurité sociale ne remboursait plus que les malades ayant pu prouver l’absence de toute responsabilité concernant leur maladie. Lui, étant jeune, avait passé outre ce qui n’était alors que de fortes recommandations, lui signalant les méfaits du tabac, avant que ce ne soit tout bonnement interdit. Il était trop tard, mais il avait été prévenu. Il était responsable, personne ne pouvait le plaindre. Il acceptait son sort, mais une chose le dérangeait un peu dans ce principe de responsabilité. Désormais, avant d’obtenir les moindres soins, il fallait prouver que l’on n’avait transgressé aucune des multiples recommandations que le ministère de la Santé et de la Sécurité diffusait massivement par tracts, affiches et flash publicitaires. Même pour une simple chute dans l’escalier. 

Il demanda à l’écran de voir l’état de ses finances et réprima une légère crispation des lèvres. En effet, il avait oublié – comment pouvait-il avoir OUBLIE une telle tragédie ? - le prélèvement obligatoire pour les victimes de l’explosion d’une centrale nucléaire en Otchestan. Evidemment, même s’il n’avait jamais entendu parler de cette province, il était solidaire, comme les autres, puisqu’ils ne formaient plus qu’une seule et même Nation Humaine ? Avant de s’éteindre, l’écran laissa passer une brève publicité pour inciter la population saine au don volontaire d’organes. Peut-être veulent-ils un de mes poumons, maugréa-t-il. Ce cynisme ne lui était pas coutumier. Non, il ne lui arrivait d’avoir des mouvements d’humeur à l’égard du gouvernement qu’au réveil, avant de prendre ses pilules. C’était à ce moment là aussi que surgissaient les souvenirs les plus clairs du passé. Cela ne durait que quelques minutes, alors, secrètement, tant qu’on ne pourrait encore espionner sa conscience, il en profitait.

Il songea à sa jeunesse dorée et insouciante, avant… Quand personne ne songeait qu’à s’enthousiasmer pour tous ces petits gadgets qui allaient devenir les gardiens électroniques de leur propre prison. Il avait fait partie de ceux qui avaient testé en premier cette puce électronique, pour rire, au cours d’une soirée en boîte : elle ne devait qu’être reliée à un compte particulier qui débiterait leurs consommations… Puis l’idée s’était étendue au dossier médical, au compte en banque, à la carte de transports et au casier judiciaire. Toute la population s’était, en l’espace de dix ans, retrouvée fichée puis organisée, classée, calculée, optimisée… Préparée depuis longtemps,  celle-ci  ne s’était rendu compte de rien ou presque.

Il descendit l’escalier sans jeter un regard à la photo de jeune femme souriante sur l’affiche l’enjoignant  à tenir la rampe. Il y préférait les souvenirs de plus en plus flous de celles qu’il avait aimées, parfois juste croisées, avant. Comme chaque matin le traitement commençait à agir. Il savait qu’il ne lui restait pas beaucoup de temps avant de s’enivrer de ces images d’amour et d’insouciance, sans même parfois savoir si elles étaient réelles ou imaginées. Sans savoir pourquoi, il aimait ces quelques minutes où il se faisait mal et en voulait au gouvernement, regrettant cette ancienne liberté, dans un monde pourtant perclus de guerres, de haines et de discriminations.

Comme tous les matins, parvenu à l’arrêt de bus, il aspira une grande goulée d’air et regarda autour de lui, tous fantômes envolés, la cité cyclopéenne qui l’entourait, encore mouillées de la pluie nocturne qui s’évaporait sous l’éclatant et quotidien soleil ; il contemplait d’un œil satisfait les files ordonnées de citoyens semblables et égaux, vaquant à leurs occupations sans bousculade ni stress puisque chacun avait l’horaire et le trajet adapté à ses besoins. Et comme tous les matins, c’est sous le premier effet euphorisant de son traitement qu’il monta dans le tramway, plein de reconnaissance et d’enthousiasme, en direction de l’usine.
Au cas où vous ne l'auriez pas deviné, ceci a été écrit par WeepingWillow, à 08:54 Pour enrichir encore un peu plus la rubrique "Cabinet des curiosités (créations personnelles)".

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