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Je connaissais Nadar pour ses photographies de Baudelaire, mais pas pour les souvenirs qu'il en a écrits et qui furent publiés après sa mort en 1911. Voilà qui est réparé.
Les ans ont passé, on s’est assagi, assis. Je n’ai pas encore présenté Baudelaire dans mon ménage. Il va s’en charger tout seul.
Un matin; je suis sorti dès la première heure. Madame, à peine levée, entend fort tapage dans la salle à manger. Elle entr’ouvre la porte…
La grande table de chêne a été poussée vers la paroi, assez haute. Sur la table une chaise, sur la chaise un Monsieur hissé s’allonge pour examiner de plus près un tableau vers la corniche.
Naturellement c’est Baudelaire qui, de là-haut, salue en tous respects, puis se décide à descendre, et s’annonce…
Plus tard, et cette fois, du vilain.
On est à table, au dessert.
L’enfant guigne le compotier aux gâteaux, tend sa petite main. Baudelaire a pris un gâteau qu’il présente, à distance.
« – Oui, mais tu vas dire : Je suis un gourmand!
– Je suis un gourmand – et le petit bras s’allonge.
– Pas encore! Dis : – Je suis un misérable gourmand ! »
Ce mauvais jeu ne me va pas du tout : et le regard de la mère, donc! Énervé, j’ai saisi et donné au petit le gâteau, avant que Baudelaire ait arrêté mon bras, me disant très grave, en reproche:
« – Mais nous pouvions en obtenir davantage… »
...