Je suis en train de suivre d'une oreille un ènième *#@&¤* de débat sur l'autorité à l'école et je trouve ici l'occasion hurlatoire de faire un coming-out tonitruant OUI JE SUIS PROF et j'en ai marre d'être considérée comme faisant partie d'une espèce définie qui emmerde-globalement-tout-le-monde-qui-râle-pour-un-rien-qui-ne-bosse-que-18heures/semaine-et-qu'en-plus-elle-est-en-vacances-tout-le-temps... Le prof à l'heure actuelle inspire au pire la haine en tant que planqué, au mieux une espèce de pitié, faisant partie de la profession française qui possède le plus fort taux de suicides, de dépressions, et d'alcoolisme, après la police...

Déjà, j'aimerais que l'on arrête de parler Des Profs comme une race à part: il y a un pourcentage de cons, d'emmerdeurs ou de gens biens strictement égal à celui d'autres milieux, bordel! Peut-être même que celui des gens bien, vraiment dévoués à ce qu'ils font, est un peu plus fort qu'ailleurs... J'sais pas... On va croire que je les défends... Mais c'est vrai, c'est pénible: 18 heures de cours... Ce n'est pas 18 heures de boulot, c'est 18 heures de présence en classe. Tout autour, y en a, du boulot, et pas du moindre... Et ces 18 heures, ce sont entre 4 et 6, parfois 7 heures par jour à parler, avec la puissance de voix d'un acteur de théâtre (certains l'y laissent en cours de route, d'ailleurs) en face d'un public la plupart du temps bruyant, si ce n'est pas hostile (j'ai de la chance: je suis jeune et sexy alors les élèves m'aiment bien...) Alors quand j'entends une espèce de pétasse du XVIe déguisée en gothique de C'estMonChoix,  ricaner en évoquant les rapports de ses profs (dont elle parle dans ce fabuleux et superprovocateurouais bouquin qu'elle a publié du haut de sa puberté quatorzannesque) avec la machine à café, eh bien je réprime mon envie de lui coller la taloche qu'elle n'a jamais reçue pour ricaner à mon tour en l'imaginant dans une classe de banlieue... C'est vrai quoi, un acteur qui sort de scène, qui oserait lui rire au nez en le voyant réclamer un café? Les caféinomanes ne sont pas plus répandus ici qu'ailleurs et je vous jure qu'après deux heures à parler à voix haute, on est prêt à donner beaucoup pour se mettre un truc chaud derrière la cravate... J'en vois déjà qui rigolent au fond, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit!

Bref, et puis savoir s'il faut plus, moins, d'autorité, de dictée, de sanctions, de médiation, de moyens, d'élèves... Savoir s'il faut retourner ou non dans les années 50 (comme si la question se posait) vu que le grand absent de ce débat est le Bon Sens, qui préfère se faire représentéer par mesdemoiselles Idéologies (les jumelles de droite et de gauche) et Mauvaise Foi, et vu que je n'ai plus d'énergie ce soir (un soir, peut-être, j'ouvrirai une discussion là-dessus)... Je le laisse pourrir tout seul, ça ne m'intéresse pas. Pour l'instant, je suis Robin des Bois, je me démerde avec mes flèches, dont certaines ont plutôt bien porté, et Oudelali! que les mécontents aillent se faire foutre.

Enfin, je finis par conclure: ce qui fait le drame d'un prof qui se chagrine de ne pas susciter chez ses pupilles l'enthousiasme qui fut le sien pour sa matière, c'est qu'il fut, est et restera tant qu'il sera dans le métier, un (ancien) bon élève entouré de mauvais...