Je suis un peu paumée avec le petit en ce moment. Il est enfin suivi depuis janvier en hôpital de jour, dans un centre qui a de plus excellente réputation et où les gens m'ont l'air pour le moins compétents et motivés sur son cas.

Or depuis maintenant un peu plus trois mois, je n'ai pas vraiment vu d'amélioration dans son comportement, presque au contraire. Alors je sais qu'il y a le temps d'adaptation le bouleversement etc. je sais... Mais. Ses crises de hurlements sont devenues multi-quotidiennes et, alors qu'avant elles reposaient sur des contrariétés assez facilement identifiables, désormais elles sont à tout propos. Littéralement à tout propos: par exemple je finis une phrase par "d'accord?", il va répéter ces mots crescendo jusqu'à le hurler une demi-douzaine de fois, ultra-sons-style et reprendre son activité comme si de rien n'était. Enfin dans le meilleur des cas, parfois il aura aussi fait valdinguer deux ou trois malheureux objets se trouvant à portée de sa main. Alors qu'en septembre il arrivait enfin à répondre simplement à une question posée, il se remet à répéter votre question, ou à vous faire comprendre qu'il veut que vous la lui répétiez, mais à l'intonation près sinon panique et tout cela dans un délai de deux secondes quinze avant de déclencher les sirènes. Autre tic particulièrement oppressant: Quasiment à chaque fois qu'on lui dit quelque chose, même le "bonjour" le plus anodin, il va avoir cette formule qu'il répète toujours comme en panique: "Tu veux du bonjour tu veux du bonjour..." Ca marche avec tout, ce qui donne des absurdités qui vont de "tu veux du ça va" à "tu veux du tu veux de la crème au chocolat?"... Après un moment il a fini par me faire comprendre qu'il veut qu'on lui réponde "Tiens, voilà du ça va" ou, par conséquent, "Tiens, voilà du tu veux de la crème au chocolat" (Inutile de venir ajouter "tiens voilà du boudin" j'y ai pensé avant vous et ça ne me fait même plus marrer), donc imaginez le genre dialogues absurdes qui font mon quotidien depuis ces mois... Et là où avant je finissais par piger plus ou moins ce qui coinçait, là je reste les bras ballants et les nerfs en mode il-faut-que-je-pète-un-truc.

Certes, le fait de le savoir pris en main et de prendre en compte le fait que tout cela fait encore partie de l'adaptation à son nouvel environnement blabla psycho tout ça, même si ça dure un peu trop au goût de la maison, m'aide à ne pas fondre le dernier fusible sur lequel je tiens mais tout de même... Je peux supporter pas mal de choses mais pas de ne pas comprendre et là mon chéri il va falloir me donner un peu plus d'indices sur ce qui ne va pas dans ta cervelle. A coté de ça il lit extrêmement bien pour son âge, sait mettre le ton et donne alors tout à fait l'impression de comprendre ce qu'il a sous les yeux, alors diable pourquoi en dehors des livres, les mots semblent lui brûler la gorge et le rendre fou à ce point?

Là je sèche. Et l'impuissance face à son angoisse évidente me rend terriblement triste.