[Rappel des faits]

"Après avoir cogité tout ce long week-end pour trouver quelques morceaux à mettre sur mon blog, et cherchant désespérément une cohérence un peu plus visible que le simple vrac de tout et n'importe quoi, j'eus l'idée de génie de choisir douze morceaux illustrant à mon sens chaque mois de l'année, avec son ensemble de sensations et émotions liées aux changement du temps qui passe et tout et tout... Après de longues heures d'écoute et de dilemmes variés, j'avais enfin réussi à mettre sur pied une liste assez crédible, présentant non seulement douze morceaux d'artistes et de styles différents, mais aussi ménageant une progression émotionnelle toute en subtilité et en magnificence...

Après m'être dépatouillée laborieusement avec des conneries que seuls les geeks peuvent trouver amusantes, ne comprenant pas pourquoi diable, ça ne marche toujours pas même après avoir recommencé quinze fois la procédure, j'eus recours à l'aide de Chloé (dont j'aimerais pouvoir débrouiller la vie sentimentale aussi bien qu'elle débrouille mes problèmes informatiques, mais c'est une autre histoire) qui trouva rapidement que mes mp3 étaient d'un poids dépassant l'entendement et qu'il fallait réduire drastiquement ma playlist, faute d'une autre solution.

La mort dans l'âme, voyant mon concept réduit à néant, je me suis finalement résolue à ne présenter que la partie printemps-été de la liste, en attendant de trouver le moyen de la faire rentrer l'intégrale sur mon serveur (parce que quand même, ça perd la moitié de son intérêt pour l'instant)"

Donc, en attendant mieux Donc voici enfin la liste complète:

Janvier:

Je cherchais un morceau qui me donne froid, qui m'évoque la nuit persistant à enserrer les journées, le brouillard des voitures et le halo des réverbères et je me suis rappelé ce morceau plein de deuil et d'hiver: Joy Division - The Eternal

Février:

C'est le mois où je me réfugie obstinément dans l'univers urbain alors que la plupart se réjouissent d'aller se fracturer les squelette et rôtir la couenne sur les pentes de ski. La ville avec sa franche barbarie me semble alors une hypocrisie moins grande que la quête d'une goulée d'"air pur" payée à prix d'or. Covenant - Hardware Requiem, ou les obsèques du progrès...

Mars:

C'est encore un mois froid, mais où commence à se manifester la volonté de sortir des torpeurs de l'hiver, on commence à sérieusement voir le jour quand on se lève avec le moral qui commence à revenir.
Dead Can Dance - Persephone (The Gathering of Flowers) L'ouverture du morceau (qui au début met trois plombes à charger mais après ça va plus vite) est encore obscure et austère, très solennelle mais s'avance progressivement vers une espèce de lumière pleine d'espoir, on y sent la puissance de la terre qui s'éveille.

Avril:

On sent le printemps définitivement installé malgré la pluie, l'air se fait plus léger, comme les vêtements qui s'évertuent à faire mentir les dicton. On sent que l'on a passé le plus dur.
Cat Stevens - The Wind : un morceau court, de transition, qui fleure la pluie et la tranquillité.

Mai:

Le mois des ponts en tout genre, on traque le moindre espace d'herbe pour déplier ses doigts de pieds, tout travail accompli à cette période dégage un doux parfum de rien à foutre.
Eels - I like Birds: Insouciant, ça gratouille, ça sifflote et c'est rudement bon.

Juin:

En réalité, le mois de juin est assez pénible, pour moi, c'est le moment où l'on s'évertue à maintenir les élèves en places alors qu'ils n'en ont plus du tout envie et nous non plus, c'est le mois où la chaleur commence à être soit méchamment nargante, soit carrément pénible mais... dans un monde idéal, juin, ça pourrait être un peu comme ça:
Sol Invictus - Europa: morceau somptueux, j'y trouve une forme d'énergie païenne , la gloire du solstice, la victoire de la lumière sur les ténèbres... Bref, le morceau mytho comme pas un...

Juillet:

La feignasse de prof que je suis est enfin en vacances, et ce sont inéluctablement les vieux souvenirs d'enfance qui rappliquent, la vieille maison à l'odeur un peu moisie et aux planches qui craquent, et l'impression d'avoir à soi l'éternité avec vue sur la mer...
Ben Harper - Suzie blue: ça sent le vieux sud et les amours sans importance...

Août:

Toujours le plein soleil mais déjà les premiers signes de fin au fond du ventre, l'air mûr apporte les premières effluves de regrets alors qu'on s'efforce de ne pas penser au retour. C'est en général le moment où l'on enchaîne les virées et les derniers pots avec ceux qui repartent déjà un à un.
Tim Buckley - Once I was: la première sensation que suscite ce morceau pour moi est celle de la lumière du soir, douce orangée et rasante, qui sème la mer de pailletures dorées et le sable de vaguelettes d'ombre, tandis que le coeur pense déjà aux prochaines séparations.

Septembre:

La fin de saison qui voit le quotidien reprendre ses droits après qu'aient claqué les derniers coffres remplis de bagages. La mer s'étale en grandes marées sous les soleil désespérément mûr. Retour à la ville en pluie le long des vitres. Odeur de rentrée, de livres et de cahiers tandis que s'attarde le souvenir du sable sur les pieds. Yann Tiersen - La Chute: parce que sa musique aura toujours pour moi le parfum bleu et gris d'une journée de crachin sur la rade plutôt que les sépias frelatés du Paris d'Amélie Poulain.

Octobre:

Pluie, feuilles mortes, balades dans les parcs qui se désertent, on se prélasse dans une mélancolie douillette où l'âme refleurit en solitaire. Sébastien Schuller - Weeping Willow, parce que je ne pouvais pas ne pas la mettre, celle-là.

Novembre:

La même chose avec un peu plus de nuit, un peu plus de neige, au moins en pensée, presque en espoir (d'ailleurs, je ne dois l'aimer que sous cette forme, la neige...) Les corps ont définitivement disparu comme un soulagement sous la pudeur des manteaux. Goldfrapp - Paper Bag.

Décembre:

Le mois des épreuves où chacun se presse de passer l'examen du bonheur à l'occasion des "Fêêêêtes". Le mois où comme chaque année on se dit que ce ne sera pas encore pour cette fois que... Björk & Thom Yorke - I've Seen it All, parce qu'en effet, à chaque comédie annuelle, je me dis que "Pour être honnête, je n'en ai vraiment rien à faire"...

Voilà fin de la boucle, merci de votre attention... Si on aime, on peut la recommencer.

PS, la radio est en haut de la colonne de gauche.