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Musique, fichtrediantre!

Tribune
Marguerite :
marie-pierre : J'ai été très intéressée par vos différentes remarque, vos extraits de livres et le commentaire que vous en faites. Tenez-moi au courant, merci.
Bien à vous,

Marie-Pierre Gauthier
Sendy : hi??
Sledymmenly : Today is good poorly, isn't it?
Damien : Merci

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Novembre 2009 : 1 article
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Purge

Pour la ènième fois de ma vie, je fais des cartons. Ici, il ne s'agit pas vraiment de déménager, mais de faire de la place pour les travaux, déjà bien commencés (jamais vu des ouvriers aussi rapides. S'ils sont comme ça jusqu'au bout, je leur fais de la pub jusqu'à la fin de mes jours). La seule chose que je mette dans des cartons, ce sont les bouquins, les bouquins, les bouquins... Et il en reste encore.

Je mériterais de me faire taper dessus pas mon médecin, vous savez le poids que ça pèse, une caisse de livres? Ca me rappelle ma précédente grossesse durant laquelle, à peu près au même terme, j'avais à moi toute seule fait l'inventaire, trié et réorganisé entièrement la bibliothèque du local étudiant, et il y en avait un paquet... Il faut croire d'une part, que j'aime ça, mettre momentanément les choses dans ces cubes de carton, bien nets, remplis au cordeau et proprement empilés en attendant d'être rouverts et rangés de nouveau sur des étagères neuves, à la recherche du classement impossible. D'autre part, je dois être un peu maso: c'est à chaque fois à la période où je devrais le plus me reposer, le moins forcer sur mon dos et mes reins que je me charge d'un engouement quasi obsessionnel pour l'ordre et le rangement, et je ne partage pas ma couche avec un collectionneur de plumes...

En retrouvant mécaniquement les gestes de la grande tradition des déménageurs bretons, on déploie le carton avant d'en rabattre les côtés afin de former le fond, solidement fixé par une bande de gros scotch pour le retourner prestement avant d'en entamer l'emplissage en choisissant soigneusement les volumes en fonction de leur taille globale, à harmoniser avec les dimensions du carton, pour perdre le moins de place possible, zut ma phrase est trop longue, je vais être obligée d'en répéter le début... En remplissant mes cartons, DONC, je me remémore rapidement le nombre de déménagements auxquels j'ai participé activement, en gros, toutes les fois depuis que j'ai eu l'âge de défaire personnellement ma chambre... J'ai compté cinq fois. Et à chaque fois, j'en garde une certaine jouissance, comme une purgation des scories accumulées lors de séjours toujours trop longs à mon goût. Même si chaque arrivée - et chaque rentrée scolaire, mon Dieu! était un petit calvaire fait d'angoisses, d'estomac noué et de regrets soudains de ce que nous venions de quitter, chaque départ sonnait comme une libération. Soulagement matérialisé par ces alignements de cubes bruns, fraîchement identifiés au marqueur, à côté d'un entassement de formes plus arrondies, avachies sur elles-mêmes: les sacs remplis de tout ce qu'on ne gardait pas. Toujours plus importants que ce qu'on emportait avec nous. Je m'aperçois aujourd'hui que je continue à procéder ainsi par purgations régulières, dans de très nombreux domaines...

La nudité de ma chambre d'internat frappait toujours mes camarades, qui elles éprouvaient le besoin de compenser la distance de leur foyer par la recréation d'une espèce d'univers vaguement utérin à coups de peluches, de posters et de photos de leurs amis et familles à en faire crouler les murs. D'ailleurs, j'en profite pour faire remarquer qu'il ne s'agit pas tant de photos de leurs amis ou famille que de photos d'eux/elles-mêmes en compagnie de leurs amis ou famille. Un peu comme Tintin au Congo ou au Tibet, il s'agit de Moi à la mer, Moi au ski, Moi avec ma meilleure copine, Moi avec mes cousins à la soirée d'anniv' de Truc, Moi et ma classe de l'année dernière, Moi à six ans, moi en vélo, Moi en Batman, sur les mains, la bouche ouverte, bourré, top délire, etc. etc. etc. Comme s'il fallait prouver photo à l'appui aux éventuels visiteurs que l'internat et l'isolement qui en découle ne sont qu'une parenthèse librement choisie au milieu d'une vie trépidante entourée d'amis formidables qui me manquent presque autant que je dois leur manquer... Vous les connaissez, vos tiroirs en sont bourrés, de ces photos prises au flash dans une soirée bidon qui en devient inoubliable dès lors qu'un couillon a eu la bonne idée de sortir son appareil: les visages blafards aux yeux rouges qui se tiennent fraternellement par le cou, tachant de compenser la médiocrité d'un cliché sur le vif par une attitude un peu décalée - délire - en tirant la langue, levant son verre en biglant des yeux, ou encore saisissant in extremis la bouteille de vin parce que c'est follement drôle de passer pour une poivrote sur la photo pendant que les amygdales d'un pote à côté de vous prennent la pose figées en un éternel "Ouaaaais!" cachet garantissant pour la pellicule la "super ambiance" de cette soirée parmi tant d'autres.

J'ai adopté depuis quelques années une race de sac poubelles extrêmement friande de ces débris d'illusion.

Au cas où vous ne l'auriez pas deviné, ceci a été écrit par WeepingWillow, à 15:04 Pour enrichir encore un peu plus la rubrique "Feuilles du jour, feuilles tombées".



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