Hier soir, Clémence m'appelle.

"Tiens en cours, je suis à côté d'A., le voisin de palier de M#2"

Passionnant, allez-vous me dire. Pourtant, cette phrase, anodine à la limite du rien-à-foutre fut à la source d'une longue réflexion sur la petitesse du monde et de ses dangers résultatifs...

"A, le voisin de palier de M#2.", des A., j'en connais plein, des M#2., deux. Des A. et des M#2. qui sont voisins de palier, pas des masses comme on s'en doute. Et j'ai très vite vu de qui elle parlait.

Mais alors comment de quoi par quel hasard Clémence, Clé-mence que j'ai eu pour la dernière fois au téléphone au mois d'août (en amitié ce qui compte, c'est la durée, pas la fréquence, et fichez-moi la paix, d'abord, je sais.), qui revient d'un an de Tahiti (oui, l'île. Veinarde, dites-vous? Planquée? Nantie? Mais rien à voir, de toute façons, ce n'est pas le sujet), donc pas vraiment du quartier, se retrouve en amphi à côté de A. (que soit dit en passant, je connais à peine) le voisin de palier de M#2, que je connais depuis quelques mois et que j'ai dû voir occasionnellement une dizaine de fois tout au plus???

Que cela soit, passe encore, mais comment diable suis-je arrivée dans la conversation??? Ce n'est pas une habitude que d'entamer une conversation d'amphi par "Salut, j'ai une amie de lycée que je ne vois plus qu'une fois tous les 6 mois en moyenne qui s'appelle truc.

- Ah ben moi, j'ai mon voisin de palier que j'ai vu deux fois en train de boire des coups avec une fille qui s'appelle truc aussi.

- Sans blague, ce serait pas la même des fois???"

Sachant de plus que mon prénom est l'un des prénoms les plus donnés aux filles de ma génération, j'avoue que j'étais sérieusement en train de perdre les pédales quand elle me fournit une explication qui dépasse encore de loin les théories du hasard et des statistiques qui diraient qu'il n'y a pas plus de cinq personnes qui nous relient à n'importe quel individu dans le monde (Je l'ai lu dans Psycho-Mag entre le dossier "Tout savoir sur ses vies antérieures" et les fiches cuisine "Maigrir Gourmand")...

Ce A. en question, eh bien, alors que pas du tout, elle était persuadée de l'avoir déjà vu quelque part, Clémence... Alors elle lui a demandé en énumérant les connaissances qu'elle avait dans le milieu où, supposait-elle, elle pensait l'avoir rencontré. Or, il faut préciser qu'elle ne l'avait JAMAIS vu (sûr), mais qu'effectivement, il offre une légère ressemblance avec un Heideggerien de ma connaissance prénommé G... Aussi, très vite, mon nom arrive dans la liste.

Là, soufflée, A. dit que ce nom lui est familier. Je ne savais même pas qu'il connaissait mon nom! Mon prénom, passe encore... De plus, mon nom, offre les mêmes qualités de banalitude et de fréquence extrême que mon prénom alors, pensez si c'est bonne pioche! Description sommaire (là c'est vrai que physiquement, je sors de la banalit... Pardon, je m'égare.), mention de mon fils, oui c'est moins courant et Bingo.

D'où le ""Tiens en cours, je suis à côté d'A., le voisin de palier de M#2."

J'en suis toujours toute ébaubie, et plus que jamais, je me dis qu'il faut vraiment que je fasse attention à ce que je dis ET à ce que je fais (et avec qui, surtout...). M'étonne de me faire griller, après!

Enfin, voilà. Il y a sans doute matière à bon nombre de réflexions de fort bon aloi que je laisse à la discrétion du lecteur.