M... Que dire de M.? Tant de choses et pas forcément les plus habituelles. Pour parler ordinairement, je dirais que c'est mon meilleur ami. Mais il est à la fois tellement plus que ça. Et parfois moins: le "meilleur ami" n'est-il pas celui que l'on peut appeler à toute heure, et qui en fait autant? Celui pour qui il ne peut pas se passer deux jours sans nouvelles? Pas forcément, en fait...

Le meilleur ami, normalement, c'est, comme on dit normalement, un amour très fort mais platonique... Je mentirais un peu... Certes nous ne sommes pas amants, mais il y a une dimension charnelle emportée dans nos rapports, même si elle ne s'accomplit pas. Désir de ne pas trahir l'Autre qui partage chacune de nos vies, mais ce n'est pas seulement ça. Devenir amants serait peut-être tomber dans une banalité horrible. En fait, ça ne nous tente même pas... ou plus. Mais les corps sont présents, et conscients, dans les mains qui se tiennent, les bras qui s'enroulent parfois, la tête qui se pose sur les genoux...

Nous avons je crois, figé notre tendresse à son stade naissant, celui où deux personnes qui se découvrent et commencent à s'aimer apprennent que c'est mutuel. Avant que ça ne s'accomplisse et n'entre dans le quotidien, dans le normal...

Et pourtant, il y eut aussi des orages. Et des ruptures douloureuses... Si douloureuses que je prends désormais chaque période de silence pour un signe de reproche, la signification tacite d'une déception. Pourtant l'explication de ces laps d'attente, dont je sais parfois aussi être prodigue, se trouve dans nos vies respectives (vie commune, parentalité récente, travail prenant, famille au sens large...), mais pourtant...

Mais au fond, j'aime ces petites inquiétudes qui me permettent d'éprouver encore ces frémissements des débuts, qu'une vie de couple de longue date (malgré tout l'amour qu'elle comporte et qu'elle fait croître chaque jour) émousse avec le temps...

Cela, avec la légèreté de coeur et la tranquillité d'esprit de l'innocence...