Je me rends compte que je ne sais pas si je saurai faire avec une petite fille...

Que les mères et leurs filles, ce sont toujours des histoires à la con... ou de con...

Parce qu'il faudrait que je me réjouisse à l'avance du jour où elle viendra m'annoncer qu'elle perd du sang et qu'il faudra lui expliquer que ça fait partie du bonheur d'être une femme... Prêter l'oreille à ses peines de coeur quand elle se sera fait larguer par un boutonneux après trois galoches d'usage... La consoler en lui disant que les hommes sont tous des salauds alors que je suis intimement convaincue que les femmes sont encore pire... Me faire un sang d'encre parce qu'elle aura choisi un connard pour "sa-première-fois-celle-qu'on-ne-retrouve-pas"

Déjà, je peux te dire que je ne serai jamais ta meilleure copine...

Et qu'un jour, quoi que je fasse, tu me détesteras car je représenterai tout ce que tu ne veux pas être... Et tu feras la gueule quand on te dira que tu ressembles à ta mère... Rien que pour cela, je te souhaite de ressembler à ton père. Parce qu'on sera toujours mille fois plus flattée d'avoir hérité du caractère de cochon paternel que de toute la gentillesse de l'autre côté...

Je ne sais pas comment je vais faire... Comme la mienne, fermer les yeux jusqu'à ce que tes seins naissants me les fassent ouvrir et te déclarer tout d'un coup qu'il n'est désormais plus conseillé d'aller traîner avec tes potes garçons comme tu le faisais avant "parce que"... Ou me précipiter avec toi dans une quinzaine de boutiques pour t'acheter ton premier soutif... Le juste milieu entre tout ça, il est où?

Quand j'étais petite, j'étais un garçon... Mon seul rêve de féminité aurait été d'avoir les cheveux longs, comme ma soeur, à qui on avait bien voulu concéder le rôle de la fille... sans doute avait-on estimé qu'une, ça suffisait... Je comprends un tout petit peu... Mais quand même. Remarque, aujourd'hui, elle se consume en dépressions de célibataire désepérée et moi j'attaque mon deuxième ourson... Alors la règle, dans tout ça... Je ne sais pas. Mais je te laisserai les cheveux longs, va.

Pauvre petite, tu auras tellement de choses à devoir me pardonner.