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Musique, fichtrediantre!

Tribune
Marguerite :
marie-pierre : J'ai été très intéressée par vos différentes remarque, vos extraits de livres et le commentaire que vous en faites. Tenez-moi au courant, merci.
Bien à vous,

Marie-Pierre Gauthier
Sendy : hi??
Sledymmenly : Today is good poorly, isn't it?

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D'où viens-tu, petit homme?
--> J'avais écrit cela il y a deux ou trois semaines...

Elle s’est assise sur le rebord de pierre pour le regarder jouer, sous les arbres, un peu à l’écart de l’allée. Il escalade avec témérité quelques branches basses, rit tout seul ou agite la main en direction de quelques passants. A quelques pas d’eux, deux mères et leurs petites filles descendent l’allée. Les deux enfants ont l’âge de son fils. Elle le sait car elle les a vues parmi les enfants destinés à rentrer en maternelle en septembre. Elles jouent ensemble, rient et parlent avec aisance. Son fils, lui, ne parle pas.

Depuis des mois, il se contente d’ânonner des mots isolés et un peu approximatifs, sans jamais former aucune phrase. Depuis des mois le personnel de la crèche, sa famille s’en inquiètent, s’interrogent de ce décalage grandissant avec les autres enfants, accentué par sa grande taille qui le fait paraître aisément plus âgé de deux ans… Il babille comme un bébé.

Elle, s’est toujours voulu optimiste, convaincue que chaque enfant a son propre rythme, sans cesser de lui parler, d’être attentive, de nommer chaque chose nouvelle. Lui, docilement, répète, désigne, avec application. Et en reste là. Elle a alors rangé ses principes et sa fierté dans sa poche, a accepté de voir des médecins, répété inlassablement l’histoire du petit depuis sa conception à des psychologues qui le regardaient entasser habilement de vertigineuses piles de cubes avant de reformuler ce qu’elle leur avait expliqué pendant une heure sous le label « problème de communication »… A part ça, pas de problème d’audition, pas d’autisme non plus… Maintes fois, elle avait résisté à l’envie d’envoyer paître ces Diafoirus, par désir de bien faire, de ne pas laisser passer un éventuel problème… Et lui, baragouine toujours un sabir incompréhensible. Pourtant, tout y est : les jeux de regard, les gestes qui martèlent le discours, les inflexions de la voix… Parfois on dirait qu’il parle normalement quoiqu’en une langue étrangère. A ceci près qu’il parle tout seul, que ses regards et ses sourires sont dans le vide.

Elle est triste. Triste parce qu’elle ne le comprend pas. Triste parce qu’elle se sent impuissante. Elle voit bien dans les yeux des autres qu’au fond, elle, sa mère, doit être un peu responsable, puisqu’à l’évidence, il n’a pas de handicap. Elle se rappelle avoir encaissé silencieusement la presque accusation de la médecin de la crèche qui le trouvait « livré à lui-même ». Comment avait-elle pu ne pas lui sauter au visage ? Elle ne comprend pas ce qu’elle a mal fait avec lui. Elle croit parfois lire tacitement chez les autres que c’est bien fait pour elle, qui se la joue intello, d’avoir un enfant incapable d’aligner deux mots de suite.

Elle n’a pourtant jamais cessé d’avoir confiance en son petit bonhomme, de le soutenir farouchement face à tout ceux dont les lèvres brûlent du mot « attardé ». Ca va venir, répétait-elle sans cesse. Et de l’encourager tendrement. Aujourd’hui, elle a envie de pleurer, de le secouer en criant pourquoi ne parles-tu pas ?

Et pourtant, avec son père, ils s’accrochent, lui parlent, le questionnent, comme tout autre personne. Jusqu’à ce que la veille, à une question que son père lui avait posé, la belle-mère réponde à sa place. A son fils qui lui avait alors demandé de laisser parler le petit, elle a rétorqué spontanément « Parce que tu crois qu’il va te répondre ? »

Elle, s’est souvenue soudain avoir dit cette même phrase, il y a quelques années, à une vieille qui tançait ridiculement son Yorkshire. Elle doit se rendre à l’évidence : aujourd’hui, c’est à elle que cette question s’adresse. Aujourd’hui, la vieille sénile, c’est elle. Et le chien, c’est son fils.

Assise sur son banc de pierre, elle ne peut retenir ses larmes. Le petit s’approche d’elle et lui sourit. Il lui caresse la joue en murmurant quelques paroles toutes douces. Toutes douces mais parfaitement inconnues, encore. Puis il fait volte-face et repart jouer à s’étourdir en regardant le ciel.

Au cas où vous ne l'auriez pas deviné, ceci a été écrit par WeepingWillow, à 16:44 Pour enrichir encore un peu plus la rubrique "Feuilles du jour, feuilles tombées".



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