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Musique, fichtrediantre!

Tribune
Marguerite :
marie-pierre : J'ai été très intéressée par vos différentes remarque, vos extraits de livres et le commentaire que vous en faites. Tenez-moi au courant, merci.
Bien à vous,

Marie-Pierre Gauthier
Sendy : hi??
Sledymmenly : Today is good poorly, isn't it?
Damien : Merci

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Je ne suis pas cinéphile
--> mais...

Non, je ne me définirais pas comme cinéphile, d'ailleurs je ne mets jamais "le cinéma" dans la rubrique "mes goûts" à chaque fois qu'un questionnaire avisé me demande de les énumérer. J'aime bien voir des films, oui, comme tout le monde. Et je les regarde plus souvent chez moi que dans les salles où je ne mets quasiment plus les pieds. Disons que j'ai une culture cinématographique suffisante pour savoir qu'il est de meilleur ton de citer Fritz Lang et Kurosawa que Lucas ou Spielberg dans un dîner mondain, même  si au fond, si on me donne à choisir, pour ma prochaine soirée DVD, entre Star Wars (les vieux, hein quand même) et Dodeskaden, je prendrai très sûrement la première proposition.

Bref, tout ça pour dire que je ne me damnerai pas "pour l'amour du cinéma" et tout ce qui va avec, mais je dois reconnaître que, parfois, on tombe sur des trucs qui laissent entrevoir non pourquoi mais comment celui-ci peut effectivement susciter certains enthousiasmes vraiment sincères.

 

Je veux parler en particulier, de "Lost in la Mancha", documentaire consacré au tournage avorté de "The Man who killed Don Quixotte" de Terry Gilliam.  J'avais vu d'autres de ses films, pas en connaissance de cause, c'est à dire comme des films DE Terry Gilliam, mais un peu au hasard. En cherchant la filmographie du monsieur, j'ai remarqué que non seulement j'avais vu un bon nombre de ses films mais aussi, que je les avais tous au moins bien aimés, sinon beaucoup. Mais passons.

Ce documentaire suit Gilliam et son équipe en Espagne durant l'été 2000, depuis les repérages aux premiers jours de tournage comme le long d'un parcours défnitivement pris pour cible par une poisse de tous les diables.

Au départ, il s'agit d'un projet nourri par Gilliam depuis plus de dix ans, le projet de sa vie, dit-il: adapter à l'écran l'oeuvre picaresque de Cervantès. Pour le côté dramatique, on apprendra que d'autres (et des grands) s'y sont frottés sans jamais y parvenir, même Orson Welles qui mourut avant d'avoir pu le terminer. Un scénario maudit comme - paraît-il - Macbeth. Même si on sait - informé par le pitch - que celui-ci n'échappera pas à la règle, on est gagné par l'enthousiasme féroce du réalisateur, son imagination rutilante et l'on se prend à y croire aussi même si dès le départ le tout promet d'être un vaste bordel. Mais le peu que l'on parvient à entrevoir du film nous donne furieusement envie d'y croire: le panache de Jean Rochefort et son anglais à l'accent d'outre-siècle, d'interminables rails de costumes, une armada de marionnettes grandeur nature, quelques rushes du film, insérés au fil du documentaire et l'énergie communicative du réalisateur, sa joie presque enfantine lorsqu'il parvient à obtenir à l'image ce qu'il a dans la tête...

A l'image de mythe de Cervantes, l'histoire de ce film a été présentée comme la défaite tragique de l'imaginaire contre le réel. Personnellement, j'ai trouvé que la réalité ici, dans son acharnement à faire capoter le tournage atteignait des proportions fantastiques: un plateau de tournage à proximité d'une zone d'essais militaires et survolé en permanence par les F-16, une averse passagère qui se transforme en déluge endommageant non seulement la moitié du matériel mais transformant aussi le paysage alentour, justement choisi pour son aridité et ses tons d'ocre orangé, en bourbier verdâtre pour au moins une semaine...

Quand Gilliam, l'ours débonnaire, finit par décider de raccrocher, face-caméra, avec une boule énorme en travers de la gorge, on a sérieusement envie de pleurer.

 

Pourquoi y a-t-il des sous pour financer des étrons comme Triple-X ou les deux derniers Matrix et jamais assez pour des oeuvres promettant d'être si belles, si originales et si terribles que cet impossible Don Quichotte? Sans doute pour qu'en restant dans les limbes de l'inachevé, elles ne puissent jamais nous décevoir.

Au cas où vous ne l'auriez pas deviné, ceci a été écrit par WeepingWillow, à 15:35 Pour enrichir encore un peu plus la rubrique "Feuilles du jour, feuilles tombées".



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