J'avais cru que la pensée était un truc complexe, faite de petits chemins tortueux, de myriades de cellules agrégées les unes aux autres dans un mouvement perpétuel, au gré des acquis, des héritages, des apprentissages divers distillés dans le brouet confus de nos sentiments, déductions et impressions subjectives, parfois imparfaites et toujours mouvantes, errantes la plupart du temps mais perfectibles dans le meilleur des cas...

Que nenni, en fait, c'est beaucoup, beaucoup plus simple.

Visiblement, la pensée se présente sous forme d'une poignée de packages, à prendre forcément en bloc et un à la fois encore... Pratique selon certains, dangereux pour d'autres: un avis que vous émettrez sur une question certes épineuse, un bémol, un dièse, une précision, voire une question et hop, c'est tout le paquet qui vous tombe dans les bras et vous êtes obligé de signer même si vous n'en voulez pas, tant pis pour vous, fallait pas penser ça... Vous allez me dire on s'en fout... C'est comme ça pourtant que ce soir, je vais me coucher dans la peau d'une révisionniste. Et avec l'incubation nocturne, je me réveillerai peut-être demain avec une carte de militante FN dans le portefeuille et UN svastika à la boutonnière...

Faites gaffe. Ca peut vous arriver aussi.

Je ne crois pas que ce soit nouveau... Si j'en crois certains spécialistes, on en a anathémisé et brûlé pour moins que ça pendant quelques siècles obscurs... Même en période de Grand Eclairage, on a pratiqué un truc semblable, Loi des Suspects, ça s'appelait... Mais c'est pour notre bien, semble-t-il.

Il faut donc que je me confesse pour péché de mal-pensée... Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa... Ideo precor beatum Dibrazzam semper omnipotentem et tout ce qui s'ensuit... peut-être que je l'ai bien cherché, au fond...