Qu'il fait froid, mon Dieu, qu'il fait froid! Un dimanche soir semblable à d'autres dimanches soir, la même marque de fabrique reconnaissable malgré les années qui passent. Le travail qui n'avance pas vraiment tandis que l'obscurité descend autour du cercle jaune orangé de la lampe de bureau. Le thé qui fume dans la tasse, réconfort contre cette atmosphère de petite mort de fin de semaine. On peste intérieurement contre le gardien qui doit attendre la mi-novembre avant de remettre le chauffage tandis que le petit, comme les petits frères il y a quoi, dix quinze ans? s'esclaffe devant le malheureux Coyote qui, depuis au moins trente ans, n'a guère réussi qu'à trouver de nouveaux moyens de se faire couper en tranches sous l'oeil goguenard de cet imbécile d'oiseau qu'on ne sait même pas ce que c'est comme espèce... Mais visiblement ça fonctionne toujours si j'en crois les éclats de rire du marmot, encore inaccessible à la pitié.

J'eus aujourd'hui une expérience de "petite madeleine" en mettant la main sur une vieille machine à écrire portative, fonctionnant encore presque parfaitement. Mon dimanche soir s'est mis à donner la main à d'autres déjà si lointains où jouer avec la machine de grand-père était une expérience de haute technologie. Pourtant je ne suis pas si vieille! Ce son si caractéristique, les touches qu'il faut enfoncer énergiquement et cette élégance légèrement gouailleuse des caractères qui me donnaient et me redonnent alors des envies de mémoires à écrire... Rien que pour le plaisir de m'en servir, j'ai enfin rangé mon bureau, tâche que je repoussais depuis bientôt deux ans, m'étalant progressivement dans le reste de l'appartement au grand dam de mon homme... Et j'ai retrouvé le plaisir d'avoir mon coin, avec mes affaires, mes bouquins, mon travail. Je le savais depuis longtemps mais ça n'avait pas l'air de suffire... Alors je passe moins de temps sur l'ordinateur, mais j'ai décidé de commencé par écrire mes textes sur l'Hermès et de les reproduire ensuite ici. Ca prendra plus de temps mais peut-être que la qualité et l'intérêt de ceux-ci y gagneront. Et puis, j'en aurai toujours des sauvegardes, on ne sait jamais ce qui peut se passer sur la toile.

Enfin, ce sont des résolutions vieilles de cet après-midi, ce qui me laisse encore mille fois le temps de leur être infidèle, comme d'habitude...