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Bon eh bien voilà, je viens enfin de me rappeler ce dont je parlais dans mon précédent message. Ca venait d'un post de chez blogarythme où il était question de loucher pour sortir d'un rêve. Eh bien, au risque de faire jaser, je me suis rendue compte que je faisais cela aussi...
Par loucher, je n'entends pas faire se conciliabuler les deux yeux, mais provoquer, par une légère contraction de je ne sais trop quel muscle de l'oeil, un léger trouble de la vision -semblable à l'image que l'on perçoit à travers un objectif mal réglé- et dont la sensation permet le réveil. Ne me demandez pas comment...
Et puis, dévidant ce souvenir idiot, j'ai découvert d'autres choses: ce "strabisme" volontaire, je continue à le pratiquer constamment. Par exemple, quand il m'est difficile de soutenir le regard de quelqu'un, pour des raisons diverses et variées, je modifie ainsi imperceptiblement ma focale visuelle (terme technique, je n'ai pas l'habitude...) afin de le ou la voir derrière un léger brouillard, plus facilement supportable... De la même manière quand j'observe un tableau et que je veux mieux me rendre compte de certains contrastes, ou de la répartition des couleurs sans être perturbée par des détails, bzzzt, floutage léger et la lumière se fait... Dès qu'une chose m'ennuie, je brouillardise alentour et les choses prennent un contour adouci, un grain velouté qui fait disparaître les imperfections, les tâches, les cassures... Devant la glace, certains matins, je ne vous raconte pas...
Et puis de fil en aiguille, je viens de réaliser un truc qu'il faut que je confesse sans tarder: j'ai porté des lunettes pour lire ou regarder la télé depuis l'âge de 10 ans jusqu'à il y a un an, quand mon fils me les a cassées. Or, alors que j'avais fini par croire que j'en avais besoin, je me souviens tout à coup que c'était parti d'un caprice alors que j'étais en CM2, après avoir essayé les lunettes de ma petite voisine et avoir décrété que ça ne m'allait pas si mal.
Dès le lendemain, je déclarai à ma mère que j'avais souvent mal à la tête après avoir lu, ou après une journée d'école. A la messe, je tenais ma feuille de chant tantôt à bout de bras, tantôt à deux centimètres de mes yeux, tout en strabisant à mort, ce qui fait que je ne voyais réellement rien... Jusqu'à ce que ma mère me propose d'aller voir un ophtalmo. Pas dégonflée, je continuai mon histoire dans le bureau du docteur, qui me passa par moult machines aussi étranges qu'intrompables paraît-il, et, devinez quoi? A chaque fois qu'il me demandait de fixer la petite étoile dans la fenêtre, la tête enserrée dans ce harnais torquemadesque, je la floutais, pensant sans doute que la machine "voyait ce que je voyais" et me diagnostiquerait une myopie galopante. Ce fut raté pour la myopie, en revanche le médecin déclara un strabisme léger -tu m'étonnes- et, sans doute pour gonfler le bilan avec des mots ronflants, me traita d'hypermétrope par la même occasion. Sur le coup, je crus que c'était un synonyme de comédienne, mais j'appris aussitôt que cela voulait dire que je voyais mieux de loin que de près. Ce fut donc sous ce charmant sobriquet qui donna aux miens quelques occasions de calembours éthéréens ("Tu perds tes tropes, elle perd ses tropes!" Ha! Ha! Ha! vachement drôle), que je revins à la maison et que j'eus mes lunettes en un rien de temps.
Très vite, je me trouvais moche avec en définitive, mais qu'importe, entre temps, j'avais cru à mon histoire et c'est ainsi que j'eus pendant plus de dix ans, ma paire de lunettes de lecture (régulièrement renouvelée et tout) que je portais quand ça me chantait, puisque je n'en éprouvais même pas le besoin physiquement, mais dont j'étais tout de même persuadée de l'efficacité quand je les avais sur le nez... Je me rappelle même avoir dit de manière très convaincue la raison de ces binocles, le diagnostic doctoral étant devenu parole d'Evangile: "Je suis hypermétrope, avec un strabisme léger, quand je suis fatiguée". Par ailleurs, après une visite quelques cinq ans plus tard chez un autre ophtalmo, celui-ci n'ayant décelé aucune hypermétropie en plus du strabisme toujours présent (technique, technique...) avait conclu en disant que ça avait tendance à disparaître avec l'âge...
Une fois de plus, s'il y a une morale à tirer de cette histoire, je la laisse au lecteur...
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