Les corps m'ennuient. Je me sens lourde, et pas seulement à cause de ce ventre qui s'arrondit chaque jour. Je me sens lourde de ce poids qui me rattache inexorablement à la terre, au réel. Je me sens lourde de tous ces sens abrutis par le travail et l'attente... Lourde d'être la seule à ressentir ce poids immense sous une silhouette désespérément gracile. Faut-il vraiment ressembler à un tas de chair pour qu'ils réalisent la douleur, la fatigue et la lassitude?

J'espère la pluie, j'ai envie d'un temps d'automne, avec l'impression de se préparer à l'hibernation. Les gens m'ennuient, leurs questions encore plus, et leurs histoires, leurs projets... Est-ce moi qui suis paticulièrement aigrie ou eux qui s'obstinent au néant?

Je ne suis pas d'ici, je n'arrive pas à en être. Le bref éclair d'une lumière grise et crue m'a fait apparaître mes plus beaux enthousiasmes sous un jour atrocement trivial et suintant d'hypocrisie mondaine... Faux reflet ou instant fugace de vérité? Je m'accroche désespérément à la première réponse avec l'aide de tout ce qui peut me convaincre que je ne suis pas dans un état hormonal habituel... Je vous parle de l'âme, bon sang!

J'ai conservé active ma page sur cet autre site, comme un roc d'ennui où viennent se briser encore quelques tentatives d'approche maladroites... Au fond, j'ai de la sympathie pour chacun d'entre eux, je n'ai aucun plaisir à rester silencieuse...

Juste un ennui à faire surgir des déserts...