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Comment fait-on un cours? Nan parce que des cours on en a tous suivi mais pas forcément préparé. Donc je vais tenter de reformuler ce qu'on m'a inculqué d'abord, et ensuite d'expliquer pourquoi c'est con et pourquoi ça a toutes les chances de pas marcher...
Alors dans l'esprit de bien des gens, du moins ceux qui n'ont plus ni petit frère ni enfant encore au collège, les cours de français étaient séparés en différentes catégories genre, le lundi c'était orthographe, le mardi grammaire, le vendredi étude de textes, etc etc. Mais tout ça c'est dépassé, ringard réactionnaire, en un mot et sans exagérer: interdit, désormais, sous peine de graves sanctions rectorales. Pourquoi cela? parce que c'est "cloisonner" les différents aspects de sa discipline, que c'est rébarbatif et sans doute à cause de ça que les élèves s'ennuient et finissent tous délinquants... Enfin un truc comme ça. Donc, le maître mot c'est le "décloisonnement". Techniquement ça donne quoi?
Alors déjà, le programme n'est plus ordonné en chapitres mais en "séquences", selon les notions au programme. Concrètement vous me direz, ça n'est pas très différent du classique "Chapitre", en effet, ça fait partie de ces appellations que l'on change régulièrement et avec beaucoup d'insistance, sans doute pour pallier le manque réel de réformes, et qui ont en général pour seules conséquences de paumer à chaque fois un peu les élèves et encore plus leurs parents qui n'y retrouvent plus leurs souvenirs de banc de classe. Or, peut-on s'attendre à un suivi scolaire régulier de la part de parents qui ne comprennent plus rien à ce qu'on enseigne à leurs enfants? Non certes. Mais on va encore me dire que je me pose trop de questions. Et puis les mots nouveaux, c'est le progrès, le progrès c'est l'avenir et l'avenir c'est bien et faut que j'arrête d'être aussi négative il paraît. Bon et puis en fait, c'est pas tout à fait comme un chapitre, qui lui prend sa place à l'intérieur d'une progression, se détermine par rapport au précédent, etc. La séquence est censée être une entité pleine et entière, autosuffisante, et donc indépendante des autres et on peut les faire dans n'importe quel ordre, liberté, plasticité, adaptabilité toussa. Sur le papier c'est joli, mais en vrai, c'est quasiment impossible à réaliser sans aboutir à un vaste bordel.
Donc, la séquence, le concept est saisi, ça y est? Alors maintenant qu'est ce qu'on met dedans? La séquence est divisée en "séances", nan nan pas en "cours", ni en "heures de cours"... Une fois encore parce que le terme "cours" évoque les temps noirs de l'enseignement magistériel, ou le prof tout puissant et omniscient dispensait son savoir aux élèves condamnés à écouter et apprendre, dans la frustration permanente de leur spontanéité et de leur créativité quel grand malheur ma bonne dame... Alors que le terme "séance" suppose le dialogue, l'interactivité, la collaboration joyeuse et collective au cours de laquelle l'élève crée son propre objet de savoir et d'étude, c'est beau, non?
Parce que l'essentiel de l'esprit de la réforme est formulable comme suit: "Le professeur n'est plus le détenteur d'un savoir qu'il dispense mais un médiateur entre l'élève et son propre savoir". Je vous laisse méditer 5 minutes là dessus et après on reprend.
...
Donc les séances, ce sont les différentes étapes à l'intérieur d'une séquence. Bref, les cours, pour les vilains réactionnaires au fond qui ne comprennent pas. Et le décloisonnement dans tout ça? eh bien c'est là que ça entre en piste. Plus question de faire lundi grammaire et compagnie (interdit je le rappelle), il faut désormais greffer les notions d'ortho, conjugaison, etc (qu'on appellera génériquement "outils de la langue") sur l'objet de la séquence. Exemple, pour le programme de 6e, on fera une séquence sur le récit épique (cela dit, et c'est une opinion toute personnelle, je l'aime bien le programme de 6e, du moins en ce qui concerne les thèmes étudiés, c'est de loin le plus intéressant de tout le collège, d'ailleurs), à l'intérieur de laquelle on aura plusieurs séances, donc, visant à définir les particularités du texte épique, les traitement narratif, l'univers mythologique et merveilleux, chacune de ces séances appuyées sur un texte, soit une série d'extraits de la même épopée (l'Odyssée, en général) ou alors d'extraits d'épopées différentes, ok rien de choquant. Sauf que quand vient le moment, lorsqu'on prépare ceci, de caser quelques unes des nombreuses notions grammaticales et autres qu'ils sont loins de maîtriser et dont ils auront forcément besoin à un moment où à un autre, eh bien c'est coton. Parce que tout doit partir du texte étudié en début de séquence. Or la particularité d'un texte littéraire, c'est qu'il n'utilise pas un seul "outil de langue" en particulier, mais une demi douzaine en même temps, avec maximum deux ou trois occurences du même cas de figure ans un extrait d'une cinquantaine de lignes. Donc faire un cours sur l'accord du participe passé à partir des trois cas qu'on aura trouvés dans le texte, je ne vois pas en quoi c'est double-plus-bon que la bonne vieille méthode Bled, mais bon.
Et par conséquent , vu qu'on décloisonne, les gamins, ils ont tout dans le même cahier, à la suite: la présentation du texte, les quelques questions de compréhension, le point des notions à retenir, le saupoudrage éventuel d"outilsdeulalangueu", qu'il devient par conséquent difficile d'approfondir si on ne veut pas quitter le thème de la séquence qu'on aura déjà eu du mal à expliquer aux gosses en quoi ça consistait bon sang. Donc si en début d'année, on arrive encore à être clair dans l'enchainement permanent de toutes ces choses disaprates que l'on s'efforce d'harmoniser, j'ai pu voir d'expérience qu'avant la fin du 1er trimestre, c'est le bronx pour tout le monde, même les élèves les mieux ordonnés ont du mal à s'y retrouver. Donc je vous dis pas pour la majorité des pires.
Il y a même certains manuels (ceux des éditions Belin, pour ne pas les nommer), qui proposent leurs séquences (chouettes, documentées, illustrées, très bien vraiment sur le plan culturel) sans aucune notion technique (à part deux trois questions occasionnelles genre Relevez les impératifs de la ligne 12 dans la phrase "lève-toi et marche"), et regroupe tous les "Outils de langue" dans un bouquin annexe, avec plein de leçons, d'exos, bien et tout. Sauf que je les fais quand ces leçons puisque j'ai pas le droit de faire de cours de grammaire?
Bref, si vous trouvez ce texte compliqué, confus et chiant, c'est que vous êtes encore sous l'emprise paternaliste castratrice des vieilles formes de savoir et que vous n'êtes pas dans l'intéraction pour faire jaillir la vérité collective (donc forcément vraie et juste) de la somme de vos représentations mentales. Allez donc brûler des bagnoles, ça vous détendra.
Commentaires :
Jokeromega |
Ah ! arète de prend’ la tèt ! ta pa vu cmt on métriz le céfran... C graveuh… top nivo on é pa dè menche de balé. … Rassure-moi, ils t’ont quand même pas lâchée sur une zep ? … A ba la républik ! viv les jeuneuh ! (et la Playstation 3 !) nike sa mér a la réinsersion (Booba). PS : au moins, les singes on leur jetait des cacahuètes, c’était quand même plus amitieux (et comestible)que les caillasses. Nike sa mér haut ponpiés ! (y a plu moillin de fout’ le feu ici ou koi ! bordel !) PS 2 : t’as tué sur le dernier paragraphe... euh, je veux dire, la dernière séquence… PS 3 : à lire absolument : La révolution cuculturelle à l'école (Alain Finkielkraut, toujours à-propos et perspicace) |
WeepingWillow 19-06-06
à 19:38 |
Re:Je ne suis pas en ZEP car j'enseigne dans le privé et cette appellation n'existe pas dans ce secteur (les subventions qui y correspondent non plus). Je suis néanmoins dans un collège de banlieue présentant de nombreuses caractéristiques desdites ZEP (pluri-culturalisme, grandes difficultés scolaires, etc etc, non tous les bahuts privés ne "choisissent" pas leurs élèves dans les classes les plus aisées de la société arrêtons là le cliché, svp). Les élèves n'y sont pas "dangereux", on s'y rend sans appréhension particulière, il y a juste un énorme et collectif je-m'en-foutisme (massivement favorisé par la structure de l'enseignement moderne dont j'ai parlé) qui fait que nous peinons à atteindre les 50% de réussite au Bac. Eh oui c'est pas drôle... Chez nous, on ne violente pas les profs, les élèves ne se tabassent pas entre eux, sauf exception à l'occasion, ils sont juste joyeusement cossards et incultes (à quelques exceptions près, hein, j'y ai aussi croisé quelques excellents et attachants élèves), ignorent les rudiments de la discipline (faute d'avoir eu quelqu'un pour le leur apprendre, et c'est pas la petite pionne sympa qui paye ses études en surveillant la cour qui aura les épaules pour leur inculquer ça, enfin bon, je dis ça je dis rien). Donc, non, pas de sensationnel digne de passer au JT du soir, mais je crois que nos élèves sont d'autant plus représentatifs du ventre mou de la jeune population française, qui ne fait ni partie des nantis, ni partie de la minorité des "maîtres-chanteurs" du système (dont ils sont souvent les premières victimes ceci dit). Donc c'est bien joli de se moquer de ces gosses, de leurs skyblogs, leurs rêves de foot ou de Starac, weshwesh léléla t'asvu? moi ce qui me chagrine, c'est quand j'en viens à me poser la question "Qu'a-t-on fait pour qu'ils soient autrement?" PS: Quel rapport? PS2: Non non, c'était bien un paragraphe, t'as encore rien compris je le savais! PS3: Oui lisez Finkielkraut de toutes façons, en langage proustien on appelle ça "prendre une cure d'altitude mentale". |
Jokeromega 19-06-06
à 20:20 |
Re: Re:En fait je ne me moque pas tant des gosses que des résultats flamboyants d’une certaine idéologie qui persiste dans son obstination. Ceci étant, lorsque lesdits gosses se complaisent dans leur jus je vais pas me gêner pour y faire des bulles... sans animosité aucune, des bulles, rien que de petites bulles. PS : le rapport que j’ai parlé des animaux du zoo, voyons ! un peu de concentration. (ignorer ce com si c’était une boutade) |
WeepingWillow 19-06-06
à 23:24 |
Re: Re: Re:Quand je disais qu'il est facile de se moquer, je ne parlais pas uniquement pour toi, mais pour tout le monde et notamment pour moi (qui n'a pas eu envie de pourrir du skyblogger juste pour rigoler?) Ils "se complaisent dans leur jus", peut-être mais en tant que grande feignasse moi-même, je sais à quel point il est difficile de se sortir tout seul de sa crasse si l'on y est pas aidé par son environnement, et encore plus si ce même environnement vous maintient la tête dans le cul de toutes ses forces. Quant à l'idéologie dont il est question, je ne la vois pas rampante (c'est pénible ces expressions consacrées...) mais au contraire claironnée à pleine pompe avec la bénédiction des saints pontes de l'infantilisation générale... Je ne fais pas de victimisation chronique, d'ailleurs, quand je dis "ils", je ne parle pas de la part dite "sensible" et honorée des médias, mais bien de TOUS les élèves du système français, du moins tous ceux qui ne peuvent s'offrir les vertus d'un bahut "à l'ancienne" ou qui n'ont pas déjà dans le cadre familial la structure nécessaire à un apprentissage constructif et durable. Et ça, banlieue ou pas banlieue, issus de l'immigration ou pas, pauvres ou pas pauvres, etc. etc. Et ils sont bel et bien victimes. Non pas de la méchante société qui leur refuse l'accès au confort occidental moderne en ne leur donnant pas de travail, mais de la déresponsabilisation permanente qui les invite à cracher sur tout ce qui n'est pas immédiat et facile. PS: Y dit qu'y voit toujours pas le rapport mais bon... (et oué boutade) PS3: Quand je serai grande, je me marierai avec Alain Finkielkraut |
Jokeromega 20-06-06
à 09:20 |
Re: Re: Re: Re:Pour moi une idéologie qu’arrête pas d’excuser les pauvres malheureux de la terre et qu’est tolérante à tout, sauf aux dures réalités de ce qu’est un homme, à savoir une créature pas fiable, pas bonne en soi, pas a priori en tout cas, pour moi une telle idéologie elle rampe, elle encourage les gens à ramper, parce que tu vois, passer sa vie à chercher les excuses (pratiques, â oui pratiques)de sa faiblesse c’est ramper, et, oui, effectivement, la plupart des gens portent leur tête dans leur cul et d’ailleurs j’en veux pour preuve, dès que tu bombes un peu (avec originalité), dès que t’as un peu de panache, tout le monde rapplique pour te saborder ton entreprise... ouais, ça fait trop mal de voir quelqu’un prendre de l’ascendant, on préfère gober ses cachets et partir en vacances au mur des lamentations (pour 20 euros sa carte du PS, tous frais compris). PS : Arrêtons avec ces PS ! (je sais c’est ma faute)l’acronyme pourrait porter à confusion.. misère de malheur, ohlala… |
Jokeromega 20-06-06
à 09:23 |
Re: Re: Re: Re: Re:En plus j'avais bien dit de l'ignorer ce PS!
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Axël 07-09-06
à 11:14 |
"Ne pouvant plus lire qu'un journal, je lis L'Action française. [...] et c'est pour nous mieux qu'une promenade en avion, une cure d'altitude mentale" MP |
WeepingWillow 07-09-06
à 11:34 |
Re:Yep, exactement, il disait cela à propos de l'Action française. Et ça va pas aider ma réputation!
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-nungesser- 25-09-06
à 03:25 |
Re: Re:Espèce de royaliste ;)
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Axël 07-09-06
à 14:16 |
Je n'ai rien contre cette phrase justement. Qui a dit bien au contraire ? |
à 09:25