Faisant partie de la génération des moins de 26 ans, la succession papale fut un bel événement pour accompagner mon quart de siècle... C'est vrai, la mort de Jean-Paul II, c'était un peu comme l'Apocalypse: depuis le temps qu'on nous l'annonçait, ça avait fini par entrer dans le folklore et on n'y croyait quasiment plus. Et comme l'Apocalypse, toutes les fois qu'elle est arrivée, presse et media se sont rués sur la chose, le premier pigiste d'arrière-cour, n'ayant pourtant jusqu'alors jamais vu la tête d'une encyclique ou croyant que Conclave était le contraire de convexe, se proclamant soudain expert en Droit Canon, en ecclésiologie et plus encore, en éboueur des poubelles de l'Histoire.

Si je fus grandement soulagée d'avoir cassé ma télé il y a maintenant plus d'un mois, je n'ai pas échappé aux fines analyses de monsieur et madame Toutlemonde, représentés par mes honorables collègues, dont la majorité ne met qu'occasionnellement les pieds dans une église "pour la communion de la petite nièce", mais milite farouchement entre la poire et le fromage pour la parité sacerdotale, tout en étant les premiers à se payer la tête des bigottes et des bonnes soeurs...

J'ai ainsi pu moissonner quelques perles de comptoir que je poste ici Oubietorbi, comme y disait...

On y apprend entre autres que quand même, JP2, à avoir interdit le préservatif [j'attends toujours qu'on m'indique l'article du Code où il en est question...], a contribué à la propagation du Sida dans le monde. Mutatis mutandis: dans les années 80, ces mêmes gens disaient que le Sida était la faute aux pédés. C'est maintenant la faute aux cathos. C'est sans doute ça qu'on appelle le retour du religieux...

L'autre renchérit que, s'ils avaient élu un pape noir, qui donc aurait connu la misère [J'aime bien l'équation Noir=crève la dalle], il se serait quand même bien plus senti concerné par la pauvreté dans le monde et aurait vraiment fait bouger les choses... C'est vrai que l'autre pollack, c'était vraiment un sale bourge...

Et de rappeler que Ratzie a fait partie des jeunesses hitlériennes, ajoutant d'un air entendu, comme on rappelle à demi-mot le vice d'une vieille tante ayant eu dans son jeune temps un goût prononcé pour la prune ou pour les garçons, que "les pommes ne tombent jamais loin de l'arbre"... Attendez attendez, 78 ans en 2005, ça fait né en 27... Donc 5-6 ans lors de l'accession du parti nazi au pouvoir... 12 ans en 39... Oh, ben dis donc, si ça se trouve, c'était même la tête pensante du Parti! Vous allez m'accuser de caricaturer, de déformer leurs pensées. D'accord, je cite un collègue "Avec ça, s'il ne nous déclenche pas la troisième guerre mondiale...". Et on s'esclaffe devant ce trait d'esprit...

"Non mais il est quand même contre les homosexuels" [Forcément, comme tous les nazis] ben oui, la religion catholique, comme l'Islam ou la religion juive, parce qu'elle a une anthropologie tournée avant tout vers la procréation, refuse de considérer l'homosexualité comme une tendance légitime. On peut certes le déplorer. Mais en cela, Ratzinger ne diffère pas de ces prédecesseurs. Parce que la papauté et l'Eglise ne sont pas une affaire d'opinion, et parce que 2000 ans de dogme ça ne se réforme pas aussi facilement que le bac (:-))...

En dépit de la profonde ânerie de toutes ces remarques, à chaque fois acquiescées par l'ensemble de la table, je suis assez atterrée par "l'implication" soudaine de tous ces gens pour qui JP2 n'a jamais rien été qu'un "vieux con qu'est contre la capote" et dont on se fichait bien de l'avis, s'inquiéter soudain de l'avenir du monde, des femmes, des homosexuels et des petits n'enfants...

Mais tout, ça, au fond... Dan Brown l'avait prédit. C'est un prophète, ce mec, je vous dis...