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Musique, fichtrediantre!

Tribune
Marguerite :
marie-pierre : J'ai été très intéressée par vos différentes remarque, vos extraits de livres et le commentaire que vous en faites. Tenez-moi au courant, merci.
Bien à vous,

Marie-Pierre Gauthier
Sendy : hi??
Sledymmenly : Today is good poorly, isn't it?

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Souvenir de la nuit du 12
--> Non mais il va me lâcher, Papy?

La veille, j'avais été avec le petit chercher l'eau au fond de la baie car la marée ne serait pas haute avant le soir.

En chemin j'ai rencontré ma cousine et son fiancé et nous avons passé quelque temps tous les trois à bavarder pieds dans l'eau, hésitant à nous baigner ou non pendant que le petit barbotait dans son coin. Finalement, après quelques brasses reglementaires, les serviettes jetées à l'abri sur le bastingage d'un bateau au corps-mort nous avons regagné la plage.

Comme tous les soirs depuis une dizaine de jours, je me suis couchée avec le sentiment que ce serait pour cette nuit. Intuition, mon oeil.

En allumant la lampe de chevet pour bouquiner un peu, j'ai sans le vouloir réveillé le petit qui m'a regardée en souriant par dessus le pied de son lit, le visage baigné par le halo de lumière jaune, avec le regard que seuls les petits garçons savent avoir pour leur maman. L'impression qu'il me fit fut comme celle d'une pluie tiède, quelque chose de léger, de doux avec l'effet d'un infini soulagement. Je l'ai embrassé puis ai abandonné mon livre et éteint la lumière afin qu'il puisse se rendormir.

Plus tard, je fus réveillée par la sensation d'un coup violent à l'intérieur de mon ventre, à moins que ce ne fût un son, comme le bruit d'un claquement sourd, immédiatement suivi d'une douleur irradiante me ceinturant les reins. Enfin.

La douleur passée, je me levai calmement et sentis que je perdais les eaux. Je savais déjà que je ne devais pas attendre les prochaines contractions et aller tout de suite réveiller ma mère. Au passage, je note qu'il est 3 h 15.

D'ici à l'hôpital, il y a 30 ou 40 bornes, en gros une demi-heure de trajet. Pas la mer à boire si on part tout de suite.

Je remonte prendre ma valise - Oh, prête! - Et voilà que sur le palier, une autre contraction me plie en deux. Très très très basse... A moins de 10 minutes de la précédente.

J'attrappe la valise et redescends aussi vite que mon état me le permet. Le moteur tourne déjà. Nous sommes en route.

Je chronomètre le trajet au rythme de la douleur qui surgit à intervalles de plus en plus minces. Je sens un poids qui force implacablement sur mon bassin. Sous mes yeux, le noir avec des morceaux de route qui défilent dans le faisceau des phares, des pointillés lumineux qui disparaissent sous nos pieds, avalés par les roues.

Elle lutte déjà pour sortir et moi je lutte pour l'en empêcher. Ma mère reste imperturbable et engloutit les kilomètres d'une route qu'elle connaît heureusement par coeur. Son calme est communicatif, mine de rien.

Nous croisons le panneau d'un hôpital, celui où ma mère est née, où deux de mes frères sont nés aussi... Malheureusement, le département maternité en est fermé depuis 10 ans. Celui où nous allons est encore à 15 km...

Nous arrivons enfin, après nous être gourées d'urgences "Non, ici, ce sont les urgences généralistes, la maternité, c'est à côté". Il est 3 h 52.

J'arrive dans la salle de travail entre deux contractions, en un clin d'oeil je suis sur la table tandis que l'on court chercher mon dossier et commence à me larder d'aiguilles qui pour une ènième prise de sang, qui pour la pose d'une perf... Cette fois-ci je n'ai aucun mal à saisir que ma colonne vertébrale ne verra même pas la couleur d'une seringue anesthésiante et quelque chose d'infiniment perspicace me dit que je vais morfler.

Une douleur d'écartèlement remonte en vagues le long de mes reins lorsque la sage-femme me demande ma température. Je lui réponds avec toute la politesse dont une torturée est capable que ce n'est pas franchement le moment étant donné que je sens nettement la tête arriver. Après un rapide coup d'oeil à l'endroit incriminé, elle rétorque simplement ah oui, bon ben on y va... oui il faut y aller et je me jette dedans comme dans un précipice.

Comment une si petite chose peut-elle avoir autant de puissance? Je me sens littéralement craquer et me déchirer sous son passage. Je m'entends crier comme je n'ai jamais crié de ma vie. Je pensais n'avoir qu'à gémir élégamment entre mes dents, cette fois... Non. Ici le cri fait diversion sur le corps, c'est moins un appel à l'aide qu'un ordre désespéré "Sors de moi!" J'ai l'impression de m'ouvrir en deux sous l'action de cette chose qui se fraye un pasage à travers la chair. Cela suscite malgré moi l'image d'un arbre éventré par la foudre dont les étincelles papillonnent devant mes yeux.

Puis une chose qui glisse, rapide comme un poisson et presque aussitôt un cri poussé par toutes les forces d'un corps minuscule, comme l'écho miniature du mien.

Il est 4 h 10.

Au cas où vous ne l'auriez pas deviné, ceci a été écrit par WeepingWillow, à 16:29 Pour enrichir encore un peu plus la rubrique "Feuilles du jour, feuilles tombées".

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