Après la simple joie du début, revoilà l'angoisse matérielle.

On ne va plus pouvoir rester ici. Désormais ce sera bien trop petit pour deux enfants. A moins d'entamer des travaux d'aménagement dont nous n'avons de toutes façons pas les moyens.

Je dis nous, alors que c'est "je". S. n'a toujours pas trouvé de travail. Sa branche est complètement bouchée et comme de toutes façons il n'a pas l'air décidé à harceler les rédactions jusqu'à ce qu'on le prenne, ses CV continueront de tapisser la corbeille des DRH de la région. Les loyers pour avoir un appartement plus grand sont quasiment à l'égal de mon salaire et l'employé des services de HLM, à la question sur la durée moyenne d'attente avant d'obtenir satisfaction a répondu "Plusieurs années". Je me sens complètement coincée. Des larmes dans la gorge. Impuissante. Sans même plus l'envie de me reposer sur l'espoir que S. trouve enfin un boulot. J'en ai marre. Le petit devra aller à l'école à la rentrée, il me faudra une crèche pour le suivant, où? où?

On ne peut pas rester ici, ça me semble pour l'instant impossible de partir. S. fait l'autruche: "Tu n'as qu'à partir en province, la vie est moins chère. Moi, si j'ai un boulot, je reste, de toutes façons il n'y a pas de boulot en province... " Genre d'assertion complètement incongrue et absurde qui ne fait pas avancer le problème d'un centimètre. Une fois de plus j'ai envie de ne pas compter sur lui.

Je désespère. Je sais que je vais vite reprendre le dessus et parvenir à reconsidérer les choses froidement. A tenter tout ce qu'il est possible de tenter. Là, j'ai juste envie de pleurer. Je ne sais pas comment font les gens. S'il ne s'agissait que de moi, je pourrais y rester encore longtemps, dans ce deux-pièces. Mais pour les petits ce ne sera pas possible.... Non, pour l'instant, je désespère.