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J'ai encore reçu une lettre de maman qui, comme presque toutes les autres depuis plus d'un an, est restée fermée.
Petites boîtes de Pandore rectangulaires que je fais semblant d'ignorer mais que je sais me guetter dans les recoins du bureau, en haut des piles de papiers, entre deux bouquins... Quand aurai-je enfin le coeur d'affronter les paroles de ma mère, si lourdes de reproches derrière leur fausse tendresse tu ne sais pas le mal que tu nous fais à nous qui t'aimons tant je me fais tellement de souci pour toi etc, etc, etc. Curieux de les garder pourtant: pourquoi ne pas les jeter tout bonnement. Fétichisme idiot, crainte du sacrilège sans doute. Ce n'est pas comme si je portais la main sur elle. Je sais parfaitement qu'au fond, je ne veux surtout pas lire ses mots car je n'ai toujours pas le courage de les affronter.
Je pensais pourtant que leur refus de cet été m'avait galvanisée en m'apportant la preuve qu'ils avaient tort, et convaincue définitivement -le pensais-je- que je ne leur devait plus rien. Combien de temps cela va-t-il me prendre? Je ne supporte pas ces doucereusités je sais ce qu'il y a dans cette lettre de toutes façons joyeux anniversaire ma petite chérie, j'espère que le petit va bien il nos manque beaucoup et toi aussi patatipatata... A part ça, son père est un bâtard qui ne mérite même pas que nous le recevions sous notre toit mais on ne le dit pas on préfère faire comme s'il n'existait pas en priant nuit et jour pour que ça se réalise...
Je ne la lirai pas. Seulement elles restent là et sont comme autant de bestioles qui me terrorisent à un point qui frise le névrotique. Je ne peux pas m'installer pour travailler à mon bureau sur lequel s'amoncellent toutes les choses dont je n'ai pas envie de m'occuper, je n'ai même pas le courage de trier pour faire de la place: elles sont tapies là et je sais que je vais retomber dessus, que je vais alors les remettre plus profondément sous d'autres papiers jusqu'à ce que S. les trouve et me balance mon ridicule et ma lâcheté en pleine figure. Peut-il comprendre? Vingt ans durant lesquels les parents furent comme Dieu le Père, ça ne s'efface pas comme ça... Pas envie d'avoir de leurs nouvelles, pas envie de leur en donner: depuis quand ce genre d'obligations? S'ils se font un sang d'encre, c'est leur problème. Il est sans doute inconcevable pour eux que je puisse aller bien sans eux. S'ils savaient pourtant à quel points mes jours sont calmes et sages... Presque trop.