En passant tout à l'heure sur sa page, j'a vu qu'il s'était connecté hier soir, comme il y a deux  jours, d'ailleurs... Et ça fait plus d'une semaine qu'il ne me donne pas de nouvelles alors que je lui écris régulièrement. Pas le temps? Au moins suffisamment pour avoir la curiosité de relever ses messages sur ce site à la con, alors qu'est-ce que ça veut dire?

Je me rends compte qu'il ne m'a jamais donné de réponse précise à ce sujet. Je ne cesse de lui demander de penser à m'écrire, même trois mots AU MOINS pour me dire qu'il n'a pas le temps plutôt que de me le laisser déduire de son silence... Je m'en doute bien qu'il lui manque quelque chose pour m'écrire ou m'appeler: soit le temps (quoiqu'un peu facile comme excuse, je le sais, je l'invoque très souvent moi aussi), soit l'envie. Ma tendance naturelle au pessimisme me fait irréductiblement pencher pour la deuxième.

En effet, nous nous sommes quittés plutôt bizarrement, la dernière fois. Je ne sais toujours pas dans quel état d'esprit il est parti en me laissant quasiment dans les bras d'un autre. Il n'a pas eu l'air de ressentir de la jalousie, alors qu'il avait toutes les armes en main pour garder le contrôle. Je me rends compte que c'est la dernière fois que je l'ai vu, physiquement. Quand nous nous sommes parlé après, il ne semblait pas y avoir de problème, et sa son affectueuse spontanéité me laisse encore croire qu'il ne dissimulait aucune rancoeur ou inquiétude... Et là aussi, pourtant, étrange impression lorsque notre conversation fut finie. Affection, mais... Je sais que je n'ai pas vraiment su le satisfaire sur un point et s'il a eu l'air de dire que ce n'était pas grave, je sens bien que je l'ai déçu... Pas assez d'hubris, de démesure, m'a-t-il dit... J'ai pourtant fait de mon mieux et me suis pour une fois oubliée en repoussant encore des limites... Pourtant, dans cette histoire, qui suit les yeux fermés, qui fait aveuglément confiance, qui travaille toujours sur soi pour lui donner l'écho, la réponse qu'il attend? Je cherche désespérément le dernier effort qu'il ait fait pour se mettre à ma portée, la dernière fois qu'il a pris sur lui pour me faire plaisir... Peut-être était-ce justement ce fameux soir. Et ça me laisse un goût amer car au fond, ce n'est pas ce que j'attendais de lui. J'aurais préféré qu'il me prenne avec lui et me ramène chez moi. même si je n'ai rien à regretter de ce soir-là, j'aurais peut-être voulu qu'il me montre un peu plus son attachement, après. J'ai l'impression que lui non plus n'en garde pas un souvenir terrible au fond.

Il sait ce dont j'ai besoin de sa part et sait parfaitement que ce n'est "pas grand'chose"... Peut-être après tout qu'il faudrait justement que j'attende "grand'chose" de lui. Arrêter de ne réclamer que des miettes. Je vis très bien sans lui au quotidien, même si j'ai cette part de mon âme en roue libre qui s'affole sans cesse et espère chaque minute un petit signe. Je me dis chaque fois que je ne devrai pas répondre à son prochain message, ne pas bouleverser mes plans pour aller le voir la prochaine fois qu'il le daignera. Je le jure à chaque fois et chaque fois je suis trop heureuse de pouvoir le revoir et j'accours, même s'il faut faire une heure de métro...

Laisse tomber, cette fois, tu peux toujours courir. J'ai de la ressource pour attendre encore. J'ai effacé l'adresse de sa page pour n'être pas tentée d'y regarder dix fois par jour, j'arrête de consulter mes messages toutes les demi-heures - j'en profite pour m'en griller une, j'ai une subite envie de nicotine- et j'arrête de jouer la bonne amie en libre-service. Comment puis-je manquer à ce point de jugeotte? C'està chaque fois pareil, on cherche à être la perle pour un garçon et il finit par vous cnfondre avec le paillasson de l'entrée, allez hop! on remonte dans sa tour de verre et on verra bien qui vient pleurer à la porte. Donnez-vous toute entière et il finira par vous mépriser et trouver servile tout ce que vous faites par amour ou amitié.

Tu veux de l'hubris? Tu va en avoir,et de la salée, tiens!