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Musique, fichtrediantre!

Tribune
Marguerite :
marie-pierre : J'ai été très intéressée par vos différentes remarque, vos extraits de livres et le commentaire que vous en faites. Tenez-moi au courant, merci.
Bien à vous,

Marie-Pierre Gauthier
Sendy : hi??
Sledymmenly : Today is good poorly, isn't it?

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La Femme Soûle (suite et fin)

- Absolument pas. C'est très simple. Cette femme, que vous voyez, quand elle était jeune fille, est allée une fois, avec son fiancé, à un bal du quatorze juillet. Entre deux danses; elle a trouvé, sur une table inoccupée, un verre à moitié vide, et, comme elle avait soif, elle a fini de le boire. Mais ce verre, à ce qu'elle dit, ne contenait pas du vin.

- Il contenait quoi donc?

- Un philtre d'amour."

J'ai regardé le vieux en face, croyant qu'il se moquait. Il a souri en me hochant la tête:

"Eh oui! C'est comme ça! A partir de ce moment, le bal, son fiancé, sa famille, son avenir, rien de tout cela ne comptait plus! Elle était amoureuse, amoureuse à crever, et de qui? De celui ou de celle, dont elle ne savait rien, qui avait bu le premier dans ce verre...

- Mais c'est une folle!

- Oh! non!

Il y a eu un silence. Là-bas, tout au fond, la femme soûle examinait un nouvel arrivant: une vendeuse de journaux de l'Armée du Salut. J'ai repris:

"Alors?

- Alors, elle s'est remise à danser avec son fiancé, comme si de rien n'était. Mais ce n'était qu'un prétexte pour regarder les gens, le plus de gens possible, pour les dévisager, pour voir si l'un d'entre eux n'était pas Lui, ou Elle...

- Et le fiancé, il ne l'a pas trouvé bizarre?

- Si, si! Distraite, un peu... Enfin, il l'a raccompagnée chez elle, ils se sont dit bonne nuit... et le lendemain, elle avait disparu en abandonnant tout: famille, amis, travail... Bien sûr, dans le quartier, on a pensé d'abord aux gars qui font la traite des blanches...

- Ca se passait dans ce quartier-ci?

- Ses parents habitaient juste en face. Ils ont remué ciel et terre, prévenu la police... Le fiancé s'est engagé dans la marine, de désespoir... Tout ça, sans résultat! Elle est evenue l'année dernière, au bout de trente-cinq ans. Ses parents étaient morts. Elle avait parcouru toute la terre, en faisant tous les métiers... tous sauf un: celui que vous pensez. Elle est encore pucelle.

- Eh bien, dites donc!

- c'est ça, l'amour! Elle se garde pour l'Autre, et tout ce qui n'est pas Lui n'existe pas pour elle! Elle vit de petits travaux qu'on lui confie comme couturière, et tous les soirs elle vient dans ce café, elle s'assied là, face à la porte, et regarde sous le nez tous les nouveaux venus. On ne sait jamais..."

La femme, cette fois, n'avait personne devant elle. Elle regardait son verre, d'un regard fermé, pesant, comme si elle et lui étaient seuls au monde. Elle marmottait des lèvres. J'ai dit:

"Et vraiment, elle croit que...

- Elle ne croit pas, elle est sûre! Sûre que l'Autre existe, sûre qu'il la cherche aussi, qu'ils finiront par se trouver et qu'ils se reconnaîtront au premier coup d'oeil! Elle regrette seulement d'avoir couru le monde. Elle croit qu'il est déjà venu, pendant son absence. Elle ne bouge plus, maintenant, elle attend qu'il repasse... Quelquefois elle raconte ses voyages, les pays qu'elle a vus, c'est drôlement intéressant! Elle connaît toute l'Asie, l'Amérique, l'Afrique noire, elle parle russe, allemand, anglais, espagnol... même japonais à ce qu'elle dit!"

Je n'ai pas pu m'empêcher de murmurer:

"La malheureuse!

- Ne dites pas ça! Elle a quelque chose dans sa vie, au moins, elle! Etes-vous sûr, à son âge, d'avoir encore une raison de vivre? moi, je l'envie!"

A mon tour, j'ai protesté:

"Mais rendez-vous compte! Même s'il arrive, ce Prince Charmant, demain matin, ce soir, tout de suite, à quoi cela peut-il servir? Il est déjà top tard, ils seront vieux tous les deux!

- Il n'est pas trop tard, m'a dit l'homme en souriant avec indulgence. il ne sera jamais trop tard! Même si l'Autre et elle devaient mourir l'instant d'après!"

C'était lui qui avait raison, bien sûr. une dernière fois j'ai regardé la femme. Elle était plus que vieille déjà, déchue et lamentable. Et pourtant, en la regardant, le regret m'a pris de n'être pas celui qu'elle attendait.

Au cas où vous ne l'auriez pas deviné, ceci a été écrit par WeepingWillow, à 20:30 Pour enrichir encore un peu plus la rubrique "La folle du logis (ébauches d'une bibliothèque idéale)".

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