Les paroles les plus lénifiantes au bout du fil n'ont qu'un temps. Quand elles ne sont pas suivies en actes, comment puis-je ne pas finir toujours par croire fermement que je suis devenue indésirable? ou moins? ou si, toujours, mais en différé, plus tard, quand il restera de la place après le cumul ininterrompu des jours et des gens qui - oh si je vous jure - comptent si peu paraît-il...

Le temps n'est qu'une chienne et il a raison de tout. Que me restera-t-il à vous dire lorsque je vous reverrai? Puisque vous passez toujours par ici, à l'occasion, et que cela semble vous suffire pour savoir comment je vais, à quoi bon vouloir plus? Je ne sais strictement rien de vos jours en revanche, mais vous répondrez qu'il n'y a rien d'intéressant à m'en dire. Je pensais pour ma part qu'on n'avait pas besoin d'attendre l'intéressant ou le sublime pour se dire des choses. Il y a peu, vous le pensiez aussi. Alors quoi?

Parfois, j'oublie vos traits et plus souvent même, je sens que je ne vous connais plus. Je déteste désormais écrire ici depuis la dernière fois où je vous ai parlé. "Je sais, je l'ai lu sur votre blog". Non que l'idée que vous me lisiez me gêne, je vous avais donné les clefs par confiance, et pour maintenir un lien invisible entre nous, non comme substitut à tous ceux que nous pouvions avoir par ailleurs. Je m'y obligeais à la plus grande sincérité sous l'impulsion de votre présence virtuelle puis j'ai su petit à petit faire abstraction de la censure latente que cela pouvait engendrer. Je n'aurais pas cru qu'un jour ça aboutirait à ce genre de rapport télégraphique "Sais déjà [stop] Lu [stop] Aviez l'air d'aller bien [stop] Sujet suivant".

Donc, et pour la dernière fois, j'écris ici et ce pour m'en servir selon l'usage qui semble être devenu sien, m'adresser à vous et tant pis pour l'indécence.

On ferme.